– Comment en êtes-vous arrivé à faire vos recherches ?
– En échec scolaire à 13 ans, je m’en suis sorti de façon inattendue. J’ai à la fois voulu savoir comment, et partager cette joie de la réussite aux autres. J’ai pensé que connaître les mécanismes de pensée serait une clé indispensable. Idem pour la mémoire. Ce fut le début d’une longue recherche.
– Et pour le bien-être ?
– À 14 ans, mon grand-père me montra une série de mouvements qu’il faisait tous les matins pour rester en forme. À l’époque cela ne s’appelait pas encore en France du tchi-kung (qigong 气功). Bien que très maladroit, j’éprouvais une certaine joie dans cette pratique corporelle qui m’apportait un bien-être certain. Cela me posait aussi beaucoup de questions sans réponse. Je voulais en savoir plus.
– Réussite scolaire, mémoire, bien-être, il me semble que vos recherches sont plus larges, non ?
– Votre sagacité m’oblige à parler d’épisodes douloureux à entendre. Mais vous avez raison, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, alors allons-y. À la même époque, j’ai traversé une période de harcèlement scolaire assez intense. Pour m’en sortir, il m’a fallu notamment analyser les mécanismes de ce système complexe qu’était ce cocktail :
- de parents défaillants car en plein divorce,
- d’une meute d’élèves en rupture de ban,
- et d’une administration scolaire qui faisait ce qu’elle pouvait, et elle faisait déjà beaucoup, dans les quartiers Nord de Marseille.
Ce fut une formation accélérée de sociologie pratique !
Pour corser le tout, je fus à la même époque victime d’une agression sexuelle. Je découvrais que malgré mon mal-être adolescent je pouvais être une proie. Et aussi que la plupart des personnes s’occupaient tellement mal de leurs besoins sexuels que certaines pouvaient même aller jusqu’à en agresser d’autres ! Pour répondre à cette problématique, j’étudiais la sexologie occidentale, puis la sexologie taoïste, branche de la médecine traditionnelle chinoise.
– Et l’anthropologie ?
J’en fais depuis ma plus tendre enfance ! J’observais les deux mondes dans lesquels j’évoluais : celui de ma nourrice vietnamienne, et celui de mes parents et grands-parents. Et comme un certain nombre de Vietnamiens, je me sens tout à la fois catholique, bouddhiste, confucianiste et taoïste !
– Toujours les systèmes complexes !
– Oui, mais n’est-ce pas la vie ? Comme je dis souvent à mes élèves, l’art c’est de faire simple. Faire compliqué est à la portée de n’importe quel abruti. C’est d’ailleurs comme ça qu’on les reconnaît, donnez-leur quelque chose de simple et ils vous en font quelque chose de compliqué !
La vie peut sembler compliquée, et elle l’est sans doute dans les moments difficiles. Notre travail est de transformer ces complications en complexité, et de rendre la vie simple.
D’où le sens de votre recherche
Oui, toujours ménager la complexité en sachant rendre la vie simple.
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